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Jeu avec le cheval

Agir Avant la Détérioration des Relations Équines

Avant que ça ne se dégrade dans un jeu avec le cheval c’est souvent une question de ressenti. Ce matin je jouais avec mes chevaux à empiler et désempiler des seaux de nourriture vide. Un de mes chevaux fait cela spontanément, je suis habituée à ce qu’il le fasse depuis que je l’ai. 

Il a tendance à prendre ce qui lui tombe sous les lèvres, l’explorer, le triturer – comme font les chevaux d’ailleurs d’une manière générale, surtout les jeunes chevaux, mais chez lui c’est plus développé que chez beaucoup de chevaux que je connais. C’est un cheval fort orienté vers l’apprentissage et très extraverti.

Si chez lui ça a été spontané dans l’échange (je te donne le seau, je le reprends, je te le redonne et c’est amusant) j’ai dû l’apprendre à mes autres chevaux.

Ce matin après avoir re-lècher amplement le fond de son seau, un de mes chevaux a montré un petit signe de stress  – les oreilles en arrière et le nez un peu froncé. Les autres continuaient de manger et il sait que piquer le seau des autres n’est pas une façon de faire que j’encourage.


Il n’a jamais particulièrement montré une envie de jouer à ce genre d’échanges avec un objet dans le donner et reprendre cité plus haut. Mais là il a pris le sien en  bouche et me l’a donné. J’ai été particulièrement touchée par le fait qu’il ait de lui-même dévié son envie d’aller piquer le seau de son copain par une proposition qu’il me faisait. C’est un cheval qui a eu des débuts chaotiques et je reconstruis avec lui une relation de confiance.

Timidement il l’a repris, secoué, et redonné. J’ai encouragé de la voix, puisque je ne donne pas de carottes, et du coup son compagnon de box m’a donné le sien.

Je les ai empilés et mon timide a découvert qu’il pouvait désempiler !  A deux ils ont commencé à jouer avec moi. J’ai rajouté un seau parce que j’ai senti que la découverte avait moins d’intérêt avec seulement deux seaux. Mais près cette nouvelle découverte, la répétition est rapidement devenue ennuyeuse et avant que ça ne se dégrade, j’ai abandonné le jeu pour ouvrir la porte box.

Se faisant j’ai dirigé leur attention sur l’environnement où il y avait beaucoup d’agitations car il fait venteux.

Là où je veux en venir est qu’en tant que propriétaire de chevaux ce que je vois souvent est que, avant que ça ne se dégrade, le cheval est puni de démontrer un comportement agressif parce qu’une situation devient désagréable ou ennuyeuse

Nous identifions que cela s’est dégradé, rarement quand c’est EN TRAIN de se dégrader. Pourtant je crois qu’en tant que propriétaire il va de notre responsabilité de ramener du plaisir et de la détente avant que ça ne se dégrader et parte en cacahuètes ou en conflit.

Nous avons rarement été élevé dans cette écoute de notre ressenti que quelque chose part en sucette et que nous pourrions intervenir autrement que par la punition. En détournant l’attention.

 Jaak Panskeep dans son livre déjà ancien mais toujours bien intéressant – Affective neurosciences : The Foundations of Human and Animal Emotions  – nous dit clairement que quand une certaine saveur émotionnelle est créée il est très difficile d’en changer (ici la joie par le jeu qui part en conflit par l’ennui de la répétition qui provoque la montée de l’émotion de la colère). 

Si je punis mon cheval en tentant de lui apprendre que le comportement de conflit est banni, il peut (ou pas) s’arrêter … mais qu’a-t-il appris ? Que c’est une intervention extérieure qui arrête la situation désagréable.

Par contre si au premier signe de dégradation, là où la joie est encore un peu là, je quitte le jeu pour faire autre chose, mon cheval piqué par la curiosité va me suivre. Et je peux lui apprendre que quand il sent que cela devient moins agréable de jouer à ce jeu il peut de lui-même décider d’arrêter et passer à autre chose sans aller jusqu’au conflit. Je lui montre par l’exemple et je lui apprends à apprendre et il comprend parce qu’il a un cerveau limbique.

Nous les laissons souvent jouer jusqu’à ce que ça se dégrade. Ils sont alors dans une saveur émotionnelle qui les rend indisponibles aux apprentissages. La conséquence en est que :

  • soit ils sont punis – ce qui augmente une saveur émotionnelle peu agréable, 
  • soit nous leur demandons de gérer eux-mêmes la situation en leur ordonnant de passer à autre chose – s’arrêter (et où la saveur émotionnelle désagréable risque de réapparaître très rapidement puisqu’il n’y a pas eu d’apprentissage).

Nous leur assénons souvent des leçons de morale qu’ils sont peu à même de saisir. Et si nous prenions le temps de leur apprendre à identifier qu’ils peuvent eux-mêmes moduler les tensions émotionnelles ? Bien sûr cela commencera par nous-mêmes!

Mais cela peut devenir une compétence qui leur servira en troupeau.

Avant que ça ne se dégrade, leur apprendre à apprendre parce qu’ils ont un cerveau limbique… comme nous !

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6 réponses

  1. Voici une proposition très intéressante, prometteuse pour évoluer dans nos relations à nous mêmes, aux autres bipèdes, avec les chevaux et entre eux…. c’est une vraie pépite ! Merci pour ce partage!

  2. Très beau message, et intéressant dans beaucoup de circonstances dans la plupart des relations, non seulement avec nos compagnons les animaux mais aussi dans le cadre d’activités avec les enfants et discussions entre adultes. Merci

    1. Bonjour, tellement d’accord avec vous que par extension cela peut s’appliquer aux enfants et aux discussions entre adules! Merci pour votre partage!

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