L’équicoaching serait-il un fourre tout galvaudé? Il semble que les offres de services d’équicoaching participent autant du jeu de piste que de l’équitation. Sans parler d’un nouveau mouvement appelé l’équicie. C’est pourquoi vous êtes en droit de savoir ce que vous pouvez attendre d’une offre d’équicoaching!
L’équicoaching serait-il un fourre tout galvaudé? Ayant déjà évoqué les différences entre l’équicoaching et l’équithérapie et vous pouvez les retrouver dans mon livre “Révélez votre leadership avec l’équicoaching“. Je ne me lancerai pas dans la définition de l’équicie par exemple. En effet à force de vouloir se démarquer les mouvements finissent par compliquer une approche déjà difficile à faire comprendre. Car en disant le mot cheval, le cerveau fait “équitation”. C’est la raison pour laquelle le client a bien du mal à comprendre les bénéfices (et il y en a!) qu’il peut retirer de l’accompagnement en lien au cheval.
L’équitation éthologique n’est pas de l’équicoaching
Aujourd’hui j’aimerais aborder le thème de l’équicoaching et de l’équitation éthologique. Car vous devez savoir que si on vous propose de monter à cru sur un cheval au bout d’une demie journée, vous aurez tout fait … sauf de l’équicoaching.
L’équitation dite éthologique a pour finalité de monter à cheval. L’équicoaching a pour finalité de déployer l’extraordinaire potentiel non-prédateur de l’humain.
Commençons par l’origine de l’équitation dite éthologique
Pour schématiser – car il y a beaucoup de courant qui se sont développés-, disons que l’équitation éthologique est une méthode venant des Etats-Unis. Importée en France principalement par Pat Parelli via Silvia Furrer, une femme de cheval intuitive. Le génie de Pat a été de décliner son approche en 7 étapes. Le but : établir une relation avec un cheval sur le principe de confort vs inconfort. La visée étant d’obtenir du cheval ce que l’on veut qu’il fasse pour nous et le monter.
C’est pour cela que cette méthode s’adresse uniquement aux cavaliers ou aux personnes potentiellement cavalières. L’enseignant doit être lui-même instructeur en équitation éthologique. Il possède des “savoirs éthologiques” ou des “niveaux Parelli” étoilés ou pas, ou instructeur ANH, Firfol et autres courant (en France, en Suisse et en Belgique). Il peut aussi avoir fait des études d’éthologie dans une Université.
L’utilité de l’équitation éthologique
Donc si vous avez un cheval et que vous souhaitez faire de la compétition en complet, il est évident que vous devrez faire appel à un enseignant pour apprendre à votre cheval accessoirement à sauter des barres. Il va aussi devoir entrer dans un van. Sinon vous sauterez des barres seulement chez vous.
L’enseignant va appliquer un principe de l’équitation dite éthologique : mettre le cheval dans l’inconfort. A chaque fois que le cheval évitera le van (les chevaux sont claustrophobes) il sera dans l’inconfort. Et votre cheval finira par céder en allant là où on lui dit d’aller.
Selon la finesse de l’instructeur, le degré de confiance entre les deux protagonistes, le cheval va donc être obligé de sortir de sa zone de confort. Et il sera mis sous stress. Tout son instinct lui hurle que cet endroit étroit est dangereux pour lui. Un être humain n’est pas très différent! C’est là où je voulais en venir : le danger des amalgames.
Enseigner une méthode vs le travail sur soi
En effet l’amalgame qui peut être fait entre l’équitation éthologique qui propose des services de coachings et/ou d’équicoaching est de retrouver des instructeurs qui vont faire la même chose avec le client : l’obliger à sortir de sa zone de confort…
Et c’est bien toute l’ambiguité du coaching par ailleurs car le client est souvent demandeur! Il souhaite quitter sa zone de confort sans savoir consciemment comment s’y prendre. Enseigner n’est pas coacher! Alors l’équicoaching serait-il un fourre tout galvaudé?
L’amalgame est là! Si l’on vous demande de faire bouger un cheval dans un rond de longe avec une cravache à la main, c’est autre chose que de l’équicoaching. Vous allez repartir avec la fierté de savoir faire bouger une masse vivante de 500 kg avec une pression si nécessaire. Concrètement reproduire cet apprentissage dans votre quotidien est risqué parce que la cravache manquera cruellement et vous resterez avec le même manque de leadership!
La différence du coach
Faire bouger le même cheval sur une piste sans autre instrument que vous-même, vos pensées, vos émotions, vous fait découvrir vos solutions à créer du lien. Et c’est là que l’apprentissage du leadership de soi intervient. L’équicoach formé à une éthique de coaching et de respect du cheval vous aide à faire émerger vos solutions. Sans jamais vous mettre en stress dysfonctionnel et sans aucun outil de coercition pour contraindre le cheval. Il vous ramènera parfois au respect de vos limites.
L’équicoach va laisser le cheval faire des propositions à son client. Le client pourra alors explorer par le ressenti. Il découvrira son positionnement grégaire, son intelligence émotionnelle ses solutions propres dans la gestion de son stress, et le pouvoir de ses propres croyances,…
Pour faire une comparaison osée avec l’exemple qui précède sur le cheval et le van, il va laisser son client explorer le van à son rythme pour découvrir que c’est un espace agréable. Jamais il ne mettra volontairement son client dans l’inconfort et le stress dysfonctionnel. C’est l’ouverture du champ des possibles dans un rapport de vivant (l’humain) à vivant (le cheval).
L’expérience était unique et dévoile vraiment des connaissances sur soi-même en tant que personne, nous dira Fatima, manager, après une journée d’équicoaching d’entreprises.
L’équicoach va laisser son client explorer les propositions du cheval. En gardant l’objectif. En activant le coaching – ce qui relève de sa formation.
Le développement des solutions du client
Si l’on vous place dans une piste seul avec un cheval, les mains vides, cela vous apprend que vous êtes un être vivant qui peut avoir beaucoup de scénarios sur ce qui pourrait se passer avec cet autre être vivant qui de son côté a envie ou pas de venir à votre rencontre. Et quand il vient à votre rencontre jusqu’où acceptez-vous qu’il s’approche? Avec quelle attitude? Et s’il s’éloigne… Comment allez-vous rentrer en contact avec lui? Qu’est-ce qui se passe pour vous? … c’est de l’équicoaching!
Après une journée sur les compétences de leader, Stephen témoigne :
Le point fort de cette journée a été d’être sensibilisé à la différence entre l’autorité et le pouvoir. Le premier étant plutôt tributaire de mon quotient émotionnel.
Ce témoignage démontre à quel point il est important de laisser les rencontres se faire. Elles sont fondamentalement formatrices. Cela se déroule dans la découverte et la conscience de soi.
La profondeur relationnel plus forte que la technique équestre
Monter à cru sur un cheval sur une demie journée ou apprendre une technique à l’aide de cravache ou tout autre instrument contondant nous met dans une position de pouvoir et de dominance vis-à-vis de l’autre. L’équicoaching serait-il un fourre tout galvaudé? C’est grisant peut-être mais en cas de stress cela sera totalement contre productif. Bien sûr le cheval est étonnant par ses réponses, bien sûr il va très vite dans les feedbacks qu’il donne. Le danger serait de croire que tout cela est magique et que le coach ou l’équicoach n’aurait que très peu de responsabilités dans ce qui se déroule. Et que cela va fonctionner avec tous les clients que nous accompagnons. (Lire l’article Equicoaching et systémique un bon attelage pour coacher en entreprise)… Donc n’importe qui pourrait s’auto-proclamer équicoach finalement!
Le cheval est en liberté
Les propositions de service d’équicoaching s’adressent à toutes personnes, sans aucune connaissance équestre, qui souhaitent évoluer soit en milieu professionnel ou privé. Et les cavaliers sont bienvenus!… car ce n’est pas parce que l’on a des compétences équestres que forcément on évolue avec facilité dans sa propre vie!
Le cheval est toujours en liberté. Quand il a le droit de s’exprimer son retour est authentique. Il est un curseur de vérité qui fait avancer là où l’on en a besoin, et non là ou l’enseignant pense que vous en avez besoin. C’est une différence énorme! Vous n’êtes pas là pour satisfaire les désirs de votre coach! Vous êtes là pour prendre votre place et avancer vers vos propres désirs.
On est loin d’un rapport de dominance, c’est une totale collaboration pour apprendre à évoluer. Et si le client exprime le souhait de monter à cru ce sera la cerise sur le gâteau d’un apprentissage de soi. Un coaching sur plusieurs heures étalées sur plusieurs semaines et avec l’accord du cheval. Jamais parce que l’on a imposé au cheval au bout d’une demie journée le poids d’un inconnu sur son dos.
L’importance de la posture
L’équicoaching est un apprentissage global où l’équicoach a appris une vraie posture. Il a aprris la dynamique et le message des émotions. Alors qu’avoir fait une formation de coach et une formation d’instructeur éthologique sont deux apprentissages différents. L’équicoaching serait-il un fourre tout galvaudé? C’est la dichotomie entre les deux formations qui entraîne souvent un défaut de posture car la finalité de l’équitation éthologique est l’obéissance.
L’instructeur en équitation éthologique va emmener son coaché sur le terrain de l’obéissance du cheval. Et cela est bien différent de l’alignement qui émane d’un cheval en liberté.
L’équicoach doit donc avoir une formation d’équicoaching spécifique. C’est-à-dire au sein même de sa formation avoir fait l’apprentissage de la double posture de coach, d’équicoach et d’avoir appris à “écouter” le cheval dans toutes les dimensions de ce qu’il peut exprimer en étant en liberté. Il ou elle peut bien sûr être instructeur en équitation éthologique sans que cela soit essentiel.
En conclusion: l’équicoaching serait-il un fourre tout galvaudé?
Beaucoup de personnes s’autoproclament équicoach pour avoir compris que le cheval soulage de bien des maux. Ce n’est pas pour autant que cela permet d’accompagner le coeur et l’âme de tout un chacun. La posture de sauveur par trop répandue est souvent de vouloir aider sans rien y connaître et faire plus de tort que de bien. L’équicoach ne sauve pas son client ni ne fait le travail à sa place. Il reste dans la mise en lumière de l’autre qui trouve sa route grâce aux questions de l’équicoach et aux réponses confrontantes et justes de cheval.
Il en résulte que la présentation d’une certification d’équicoaching est préférable. Les formations d’équicoaching offrent normalement la garantie d’un réel travail sur soi en étant accompagné du cheval.
La certification détermine la maturité de l’équicoach. Cela offre une garantie sur sa compréhension des outils, sur l’acquisition de la double posture de coach et d’équicoach. Cela peut être une garantie qu’il ou elle fasse attention à éviter la prise de pouvoir de vos apprentissages,… et sans jamais obliger le cheval par la coercition!
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2 Responses
Bravo! C’est excellemment bien exprimé. Cette différence est essentielle car le cheval est un partenaire et non un animal qui doit subir nos besoins de pouvoir, nos frustrations….. A chacun d’expérimenter et vivre ce que le cheval lui renvoie. Merci à vous d’être une si subtile ambassadrice.
Merci pour votre appréciation. La subtilité est un art que les chevaux et les grands maîtres nous enseignent chaque jour si nous acceptons de les laisser s’exprimer. Cela me réjouit de n’être pas la seule à penser de cette façon!