Plaisir et déplaisir entre recherche et épuisement. Comment savoir quand le burn out est là?
Des émotions comme la dépression, le chagrin, l’agressivité, la frustration sont le résultat de notre (mauvaise) gestion au temps. Soit un temps passé, soit un temps présent ou futur (qui n’arriverait pas assez vite).
Deux éléments viennent s’ajouter à cette dimension : éviter la douleur et rechercher le plaisir.
Tout le reste est sans importance. Quand je dis « tout le reste » je pense à l’aspect professionnel, familial ou sentimental. C’est sans importance parce les paramètres cités plus haut interviennent dans toutes ces dimensions.
C’est viscéralement difficile pour nous de comprendre cette notion du temps parce que ce que nous faisons est principalement motivé par la recherche du plaisir ou l’évitement du déplaisir. C’est de cette manière que nous faisons nos apprentissages. C’est de cette manière que l’on éduque.
Le plaisir peut résider dans votre job…
Et pourtant… même si vous aimez ce que vous faites, vous pouvez vous sentir épuisé.
Le plaisir peut résider dans votre vie de famille…
Et pourtant… même si vous aimez votre vie famille et votre partenaire ils peuvent parfois vous paraître épuisants…
Alors comment faire la différence entre un épisode occasionnel de passage à vide et un burn-out ?
Le burn-out est définit comme un épuisement mental et physique, ce qui entre nous soit dit était la définition de la dépression il y a 15 ou 20 ans. C’est lorsque nous n’avons plus d’énergie, plus d’envie et parfois plus de capacité intellectuelle ou physique à investir dans notre quotidien.
Ce qui a changé en 20 ans ce n’est pas que nous soyons plus enclins à la maladie. Non. C’est que notre environnement professionnel, familial et même amoureux est aujourd’hui envahit par des ordinateurs, des tablettes et autres smartphones (au passage la traduction téléphone intelligent laisse rêveur !) qui nous donnent un sentiment d’urgence.
Nous subissons aujourd’hui une forme de dictature, semaine après semaine qui nous mènent à l’hypervigilance, au stress et à l’épuisement… toutes notions liées à la gestion du temps, à la notion de plaisir/déplaisir et à la satisfaction de nos besoins fondamentaux.
Les chevaux font des choses par plaisir et évitent le déplaisir tout comme nous. Le principe de la carotte comme récompense et de la cravache comme punition est largement utilisé dans ce sens et ça marche parce qu’ils comprennent très vite où se situent leur intérêt tout comme nous.
Par contre donner de la nourriture comme récompense à un cheval est une erreur puisque les chevaux entre eux ne se donnent pas à manger pour se féliciter. La récompense chez eux c’est s’arrêter, se poser. Et là nous avons beaucoup à apprendre.
Les chevaux à l’état naturel mangent ce qu’ils ont devant eux. Aucun brin d’herbe ne s’est jamais enfui sous les sabots d’un cheval. La nourriture est à disposition et leur notion du temps reste centrée sur ce qui est.
A contrario, l’humain à l’état naturel doit courir derrière sa nourriture et sa notion du temps est que s’il rate sa cible qui s’enfuit devant lui, sa notion du temps est centrée sur ce qui lui échappe ou pourrait lui échapper.
Or pour la plupart d’entre nous, tout est là. Nous courrons parce que notre cerveau reptilien nous dit que c’est ce qu’il faut faire. Soit pour avoir plus de plaisir, soit pour éviter le déplaisir. Alors que nous n’avons plus besoin de courir. Pour la plupart d’entre nous avons cette chance d’avoir un toit au-dessus de la tête et de quoi manger tous les jours.
Nous courons parce que les alertes de notre environnement électronique nous poussent à croire que nous allons rater la proie, le plaisir, la satisfaction. Ou qu’il faut éviter le prédateur, le déplaisir, voir la destruction.
Alors comment savoir si notre état relève d’une passagère petite baisse de régime ou s’il faut s’en remettre à un diagnostic médical? Voici quelques petits tests pratiques.
- Prendre des pauses pendant la journée
Le burn-out ou la dépression provient d’un manque de compréhension de ce que le corps intervient dans tout nos processus et ignorer ses besoins pour se contraindre au déplaisir, ou chercher à faire encore plus mène à l’épuisement mental – même pour des résultats à court terme. Avoir des opportunités de recharger votre énergie mentale passe par le mouvement. Sortit marcher, bouger et laisser vos ordinateurs de bureau, portables ou de poche derrière vous.
Parce que c’est en prenant de la distance par rapport à vos tâches que les solutions viennent à vous naturellement.
Faites attention à ce que ces pauses soient prises au bon moment sachant que votre énergie est généralement au plus haut le matin, là où vous pouvez relever vos challenges et être le plus productif. Ensuite reposez-vous. - Ecartez vos appareils numériques
Laissez votre travail au bureau ! De nos jours nous transportons tous un bureau dans le fond de notre poche. Il n’y a plus de limites entre le privé et le professionnel comme si nous étions physiologiquement attaché à une seule représentation identitaire vitale ! Alors qu’il est vital précisément que cela reste cloisonné. Pour revenir à mon image du chasseur c’est comme si nous étions encore tous en train de courir derrière une proie insaisissable. Nous serions mort d’épuisement et de faim. Or aujourd’hui il semblerait que la sensation de faim (ou de fin !) n’existe plus et que nous ne soyons jamais rassasié, comme si nous courrions encore et toujours derrière une insaisissable proie.
Symboliquement déposez vos appareils dans un tiroir à partir de 20h et n’y touchez plus jusqu’au lendemain. Le monde peut tourner sans vous pendant plusieurs heures, vraiment… - Faites quelque chose d’intéressant
Au lieu de se concentrer sur la limitation ou l’évitement du travail en dehors des heures de bureau, planifiez des expériences relationnelles. Faites des projets pour vous initier au golf, au tango ou à la permaculture avec un ami, cuisinez avec votre conjoint, soyez en relation avec un être vivant dans la vraie vie car cela vous oblige à vous tourner vers un but relationnel (faire quelque chose pour le plaisir ensemble) versus un objectif d’évitement (ne pas vérifier les emails).
Il est prouvé que même si cette activité est plus difficile que de se vautrer dans le canapé la zapette à la main, cela vous donnera plus d’énergie que l’inaction visant le repos.. - Prenez de longs week-ends.
Se sentir mentalement et physiquement épuisé peut aussi être un signe de besoin de vacances. Un break n’implique pas nécessairement six semaines de vacances, ni même deux. L’idée est de l’ordre de la pause afin de réduire le stress. Et bien sûr sans vérifier ce qui se passe au bureau ou dans votre boîte mail ! - Le pourquoi de vos choix
Si vos responsabilités professionnelles excluent des congés immédiats, concentrez-vous sur les raisons pour lesquelles vous faites ce que vous faites.. Reliez votre mission actuelle à un objectif personnel plus vaste – ce projet vous aidera à … quel résultat espéré, attendu, recherché… Sachez cependant que cela peut marcher un jour ou deux sans plus. Si vous devez vous arrêter de travailler : faites-le ! - Etes-vous réellement épuisé ?
Si aucune de ces stratégies ne donne de résultats il vous faut reconsidérer ce derrière quoi vous courrez. Il se peut que votre job vous convienne sans que l’on vous donne les moyens de le réaliser – alors pensez à identifier comment changer la situation. Il se peut aussi que votre job vous pompe votre énergie … alors il va falloir repenser votre carrière.
RAPPELEZ-VOUS
- Imposez-vous des limites d’utilisations de vos appareils numériques quand vous ne travaillez pas
- Insérez des pauses régulières dans vos journées
- Mettez le focus sur ce qui est important pour vous si vos obligations professionnelles ne vous permettent pas des week-ends prolongés
PAR CONTRE :
- Ne lisez pas vos emails pendant vos week-ends (prolongés ou non)
- Impliquez-vous dans des activités relationnelles qui vous engagent vers un but qui vous intéresse
- Une fatigue peut être temporaire, par contre si vous vous sentez inefficace tous les jours il est temps de repenser votre carrière
Et pour vous aider, voici un petit livre d’Alia Cardyn qui vous permet de faire le point.
6 Responses
Très interpellant. Belle synchronicite. Merci
Merci de me lire et de prendre le temps de partager votre appréciation 😉
Très juste, j’ajouterai que les appareils connectés sont aussi à utiliser avec intelligence pendant le temps de travail selon le besoin : communication immédiate si risque grave et immédiat, mail à lire 3*/j seulement si on travaille sur un projet à 1an. Cela peut se travailler avec son équipe et sa hiérarchie. Le risque c’est la dispersion mentale qui est un gâchis d’énergie aussi.
Merci pour cet ajout très pertinent Emilie, c’est tout à fait juste.
Merci pour ce partage d’idées et les bons conseils. Si toutefois l’on se met à suivre ces quelques recommendations de bon sens, force est de constater que parfois la solitude peut être ressentie tant l’entourage n’est pas nécessairement à comprendre le bienfondé de notre démarche. Pire même, parfois survient le reproche de ne pas être joignable…
Dur dur digital detox.
Merci pour votre partage. Je comprends bien ce que vous pointez là car évidemment c’est addiction est universelle. Sans doute faut-il être spécifique et encourager l’entourage à découvrir les bienfaits du digital détox en même temps que vous?