Pouvons-nous apprendre à être créatifs ?
En étant libres oui! La créativité c’est le cœur de l’humanité. Nous sommes, sur cette planète, les êtres à avoir manifesté le plus de créations complexes dans la Nature. Comme si nous projetions notre monde virtuel sur l’extérieur. Nous ne voyions pas ce qui est et nous inventons. La créativité se développe au travers d’un processus pratique à partir de l’imagination (qui est la capacité de voir les choses sous un angle différent et de le réaliser malgré les contraintes apparentes). Partir sur la lune n’a jamais été remis en question. Personne ne s’est dit « et si on ramenait la lune un peu plus près »… non. Tout le monde a été d’accord de mettre en commun des compétences pour fabriquer le véhicule adéquat pour y aller et revenir. Il y avait un souhait à réaliser et de sérieuses exigences à dépasser.
En équicoaching il y a un souhait à réaliser et une exigence à dépasser : enlever le masque et accepter d’être libre face à un être libre ! Et quoi de plus révélateur que cette première rencontre avec le cheval !
- Qu’est-ce que je dois faire ? (existons-nous seulement dans le faire ?)
- Quel est le cadre ? (sans consignes comment s’autoriser à être ?)
- Je ne connais pas les chevaux… (pourquoi faudrait-il connaître avant de rencontrer ?)
Se sentir soudain sans référence connue est déstabilisant. Se permettre d’être simplement sous le regard de l’autre, des autres est assez confrontant à nos propres yeux d’adulte.
Les enfants sont beaucoup plus naturels en ceci qu’ils vont laisser aller tout ce qu’il y a en eux dans l’envie de la découverte. L’adulte va attendre la consigne, le cadre, les recommandations et si ce cadre est celui d’une rencontre, même dans cet espace vient se poser des injonctions « emprisonantes » . Nous sommes tous – ou presque – issu d’une éducation reçue dans le verticalité (l’éducateur qui sait et nous qui devont nous conformer) et la transversalité nous est étrangère voire parfois vécue comme dangereuse. Ce lieu où les jeunes enfants évoluent comme des poissons dans l’eau.
Qu’est-ce qui nous éloigne tant de notre créativité ?
La réponse est une fois de plus dans notre éducation. Nous avons tous des talents différents, le problème est que l’éducation met en avant un seul système de fonctionnement. Tous ce qui existe alors comme potentiel en dehors de ce système reste enseveli, inexploité, voir inavoué ou inavouable. Le système cautionne ceux qui s’y conforme comme «capables» versus ceux qui ne s’y adaptent pas et en sortent étiquetés comme «incapables». Ce système qui divise en bien (capable) et en mal (incapable) nous oblige à nous séparer de notre personnalité profonde ce qui est dramatique. Je vois arriver dans les formations des adultes de tout les horizons (informaticiens, infirmiers, pompiers, managers, maraîchers, banquiers, juristes, instructeurs d’équitation, fonctionnaires,…) qui ressentent tout à coup un besoin vital de faire les choses autrement, d’écouter leur cœur, d’accorder leur vie et leur valeur. Un cheval a croisé leur vie et ce qu’ils ont appris n’a brusquement plus la même saveur. Et si l’on gratte quelque peu cette sensibilité on constate que leur personnalité s’est construite sur les injonctions d’un système de verticalité. C’est presque par accident qu’ils découvrent la transversalité et ce qu’ils pourraient mettre en place avec les chevaux.
Le trajet est identique pour les chevaux ! Seule une éducation qui tient compte de la transversalité permet un véritable accompagnement. S’ils sont libres de s’exprimer, le client sait qu’il a le même droit, s’ils sont contraints le client sait qu’il l’est aussi (à un niveau plus subconscient).
Je ne critique pas ceux qui pratiquent l’équicoaching sur base d’une équitation dite éthologique ou d’une équitation tout court. Ce qui importe c’est la conscience de ce que l’on fait.
Si l’on veut offrir la possibilité de retrouver son plein potentiel cela doit se faire en liberté. Comment permettre de découvrir notre capacité à créer, à trouver des solutions avec en face de soi un être entravé dans ses déplacements ?
Le fait d’utiliser un système unique « parce qu’on a toujours fait comme ça » nous empêche tout simplement d’apprendre. La contrainte devient un handicap d’apprentissage.
L’équicoaching est une expérience de transformation.
De quoi a-t-on besoin pour cela ?
D’un cheval, d’un équicoach et d’un client qui va devenir l’acteur de sa propre relation au cheval. C’est cette relation sous le regard de l’équicoach qui va rendre l’apprentissage si puissant. Si l’équicoaching garde un système vertical, hiérarchique par la contrainte la formation se ritualise et se sclérose.
L’équicoach est là pour soutenir les apprentissages de son client pas pour les lui imposer ! C’est la même chose avec le cheval, si vous lui imposez une contrainte vous bloquez tout simplement son énergie et ça s’arrête à un monologue.
La liberté offre un espace où l’énergie (quelle soit physique ou spirituelle) va pouvoir circuler et on peu espérer que le cheval et le client finissent la séance dans un regain d’énergie. Le client peut apprendre à découvrir comment s’alimenter de sa propre énergie. Quelque chose que peu d’entre nous connaissent.
C’est dans cet espace que l’on devient créateur.
Vous pouvez avoir d’excellents horsemen qui font un travail extraordinaire avec les chevaux, ça ne va pas pour autant leur permettre d’enseigner ou d’accompagner un client dans le développement de ses compétences relationnelles.
Liberté et plaisir
Une dernière chose, et non des moindres, dans la notion de contrainte le plaisir déserte la relation… pour un des deux protagonistes à tout le moins ! La relation se réduit , laisse peu d’espace d’expression et devient une sorte de « tue l’amour ». La contrainte amènerait à voir qu’un cheval ou un autre c’est du pareil au même avec juste une robe (couleur) différente… Or chaque cheval est différent et ils ont tous – comme nous – des capacités, des talents et des compétences différents les uns des autres. Les maintenir dans une contrainte empêchent ces qualités de s’exprimer.
La liberté par ailleurs permet d’accéder plus facilement à l’intuition et en développant l’intuition la confiance en soi s’installe.
Faire en sorte que les équicoachs apprennent plus qu’une simple technique reproductible, qu’ils apprennent à devenir eux-mêmes et prennent de la méthodologie la partie qui leur correspond le mieux pour la développer est un challenge. S’ils acceptent de s’investir c’est un parcours de vie souvent significatif pour chacun car le cheval catalyse nos apprentissages cognitifs, émotionnels et physiques, et c’est ce qu’ils peuvent transmettre à leurs clients en ayant accepter de passer par l’expérience.
On pourra me reprocher que la gestion de la masse du cheval demande de la contrainte et que j’ai tort de les laisser libres … peut-être … sur la question de la forme je sais que c’est juste et en dix ans de pratique et à ce jour, je n’ai pas eu à déplorer d’accident où le client aurait été mis en danger du fait de la liberté de mes chevaux.
Une fois jetée la cravache par-dessus les moulins, comme nous les chevaux sont libres et créatifs, libres comme l’art.