Quand je l’ai adopté poulain Tchekhov était identifié par son entourage comme un danger pour lui-même et pour les autres. Condamné comme impossible à soigner par la docte gente vétérinaire il a croisé mon chemin par le biais de la biokinésiologie que je pratiquais à l’époque.
Ce poulain avait été rejeté par sa mère, les autres juments et les poulains avec lesquels il tentait de comprendre le monde. Il avait des troubles de l’attachement, n’avait pas les « bons » codes sociaux. Cette situation donnait un cheval compliqué en stress permanent. Il prenait systématiquement de mauvais décisions qui le mettait dans des situations totalement désagréables.
Je vous raconterai peut-être un jour le difficile parcours de son éducation mais aujourd’hui j’aimerais vous faire part de mes prises de conscience.
A l’âge d’un an et peu gérable, il était cependant profondément gentil. Seulement ses réactions étaient vives comme l’éclair et surprenantes … même pour des pros.
Lorsque j’ai voulu le faire parer pour la première fois il était attaché et le jeune homme qui lui a pris les pieds l’a fait sans aucune délicatesse. Il lui a pris le pied, point. Tchekhov s’est senti déstabilisé dans son équilibre comme tous les jeunes chevaux – mais qui fait vraiment attention à ça ? – et a voulu retrouver son équilibre. S’en est suivi un moment d’affrontement où le jeune homme a voulu avoir le dessus à coups de marteau. Je me suis interposée pour qu’il arrête. Évidemment il a arrêté dans un moment de total inconfort pour mon cheval qui a retenu que donner ses pieds équivalait à mettre sa vie en danger. Mauvais timing. Les souvenirs traumatisants se retiennent vite et restent longtemps en mémoire hélas.
Par la suite même avec des tonnes de formation et le passage d’un nombre incalculable de pareurs, la terreur de donner ses pieds restait.
A chaque rendez-vous de parage, j’avais comme une boule au niveau du plexus qui était terriblement inconfortable et que je tentais d’ignorer.
Il fallait que ses pieds soient fait donc j’encaissais avec lui les pareurs qui s’énervaient, qui finissaient par renoncer en étant blanc de peur, les pareuses qui l’ignoraient et réglaient leur prêt hypothécaire par téléphone en se débattant avec ses pieds, jusqu’à ce que j’en trouve une qui était avec lui, en silence et parvenait à faire ses pieds dans une aisance toute relative. Malheureusement cette pareuse a déménagé donc retour à la case recherche du bon pareur ou de la bonne pareuse.
Un grand pro est venu et au bout de trois rendez-vous à baisser les bras comme tant d’autres car mon cheval montait dans les tours (et il en avait peur). Ce grand pro m’a adressé vers un petit bout de femme qui dès le début a voulu un peu s’imposer, lui criait dessus mais y arrivait malgré tout.
Ma boule au plexus ne disparaissait toujours pas. Et puis elle a commencé à avoir peur de lui et me demandait de lui tenir les pieds. Soit, on y arrivait quand même. La peur a continuer de grandir car dernièrement elle est venue et n’a fait que mes autres chevaux souhaitant réserver un complet rendez-vous pour Tchekhov. Rendez-vous qu’elle a annulé. Même s’il n’était pas ouvertement dit, le message était clair pour moi.
Je me suis mise en quête d’un nouveau pareur que j’ai pu trouver très vite. Quand c’est le bon moment, c’est le bon moment.
Avant qu’il n’arrive j’ai voulu voir où mon cheval en était avec le fait de donner ses pieds. Un après-midi où quelques rayons de soleil réchauffait l’air, Tchekhov somnolait. J’ai été prendre ses pieds en douceur et quand j’ai vu que son poids se déportait entièrement à l’opposé, je l’ai invité à se remettre en équilibre avant de lui rendre son pied. Tout s’est fait dans la plus grande détente. J’ai passé deux heures complètes à faire ça régulièrement en mettant de grandes pauses de bien être entre chaque moment où il avait un pied en l’air.
Deux jours plus tard, le pareur est arrivé. Je n’avais pas de boule au plexus j’étais juste dans l’expectative. Tchekhov aussi.
Tout s’est passé assez vite. Une légère résistance de la part de mon cheval a été accompagnée par le pareur comme une danse et dans le calme complet. 20 minutes plus tard les pieds étaient faits. Et je respirais.
Le soir même j’ai repris les pieds de mon cheval. Aucune résistance.
Comme il a un petit soucis de fourchette pourrie je me suis demandée comme ça allait se dérouler. Aucun problème. Aucune résistance.
Là où je veux en venir c’est que bien sûr toutes les méthodes et formations du monde peuvent en partie améliorer un traumatisme (rappelles-toi le jeune pareur et son marteau comme première expérience).
Si j’enseigne comment créer plus d’assurance en soi et en l’autre en comprenant la finesse du langage du cheval et que je vois des accouchements de confiance extraordinaire.
Je sais aussi que l’amélioration sera exponentielle si tu écoutes ce qui se passe en toi. Et il n’est jamais trop tard pour le découvrir.
Je ne m’étais jamais intéressée à cette boule que j’avais au plexus que parce que ses pieds devaient fait. J’ai encaissé des pareurs et des pareuses humainement difficiles à supporter (je parle uniquement pour moi parce qu’ils convenaient très bien à d’autres personnes) mais comme ses pieds devaient être fait je m’accommodais de ce qui ne me convenait pas.
Mon cheval m’envoyait les messages nécessaires pour que j’arrête d’accepter ce qui ne m’arrangeait pas. L’Univers s’en est un peu mêlé aussi quand la pareuse précédente a annulé son rendez-vous.
C’est à ce moment-là que j’ai agi et que les choses se sont alignées dans le bon sens. C’est tellement simple en fait !