- “Et comment ça se passe au boulot ?”
- “C’est de nouveau la même chose ! Elle est vraiment folle cette fille ! Elle a piqué une crise parce que le dossier « Z » qui pouvait être considéré fin de semaine était resté sur son bureau alors que je lui avais dit que ce serait pour plus tard. Le soir elle m’a écrit un mail kilométrique en mettant en copie le RH. Je lui ai répondu sans tenir compte de la mise en copie et là elle m’a carrément menacée et invectivée. Moi aussi je sais des choses sur elle et je vais aller voir le RH demain.”
Nous passons un temps incroyable à nous plaindre à propos de nos relations professionnelles, à les éviter ou à les combattre.
Pour en arriver à ce point de rupture il a bien fallu être deux à jouer dans le scénario. Quel rôle avons-nous joué pour en arriver là? Il est essentiel de comprendre notre propre responsabilité et quelle(s) action(s) nous pouvons mettre en place pour casser ce cercle de frustration et de stress qui transforme l’environnement professionnel en état de siège avec prise d’otage (le RH).
Trop de sollicitations mènent à la frustration
Souvent confronté à des avalanches de problèmes, nous n’avons pas les ressources nécessaires, les dead line changent tout le temps, les objectifs sont parfois flous. Ce qui engendre une constante frustration et l’occasion de blâmer tout le système.
L’aspect positif de la frustration occasionnelle est qu’elle peut nous amener à trouver des solutions inédites. Pour autant vécue de manière répétitive elle va engendrer un état de stress permanent.
La frustration mène à la colère et l’impuissance
Le stress est un signal d’alarme qui se manifeste au travers d’émotions désagréables, voir même destructrices, nous indiquant que nous sommes en danger. Tout un système interne se met en état d’alerte entraînant la production d’adrénaline et d’hormones dont le message est de fuir ou de se battre. Notre corps va subir des tensions, accélérations cardiaques, respirations saccadées, mains moites, gorge sèche… Tout ce système est parfait s’il est utilisé occasionnellement pour échapper à une voiture qui nous fonce dessus. Il n’est pas fait pour être en constante hypervigilance. Notre santé se dégrade, notre cerveau dysfonctionne et nous sommes malheureux.
Le stress mène au conflit — et les conflits conduisent à la colère, au ressentiment et à l’insatisfaction
Certains vous diront que c’est une bonne chose de travailler sous stress, qu’il faut arrêter de voir le mal partout et que cela a un effet boostant. Et c’est vrai pour des tâches rapides et répétitives être sous pression peut augmenter la performance.
Par contre pour le stress chronique toutes nos capacités de raisonnement, de pensées et surtout – là où je veux en venir – nos compétences relationnelles sont en souffrance. Nous sommes incapables de gérer convenablement une information sans être dans le jugement. Nous sommes moins souples, moins ouvert à de nouvelles idées et avons une vision un peu simpliste des choses. Nous partons en live pour des broutilles et devenons légèrement paranoïaques (ce qui est la conséquence du fonctionnement de notre système nerveux automatique dont la tâche est de nous maintenir en vie). Alors plutôt que de gérer les problèmes nous en arrivons à générer les problèmes… et plus particulièrement en termes relationnels.
C’est là que s’inscrit un cercle vicieux. Nous sommes sur la défensive. Nous sommes désagréables. Notre entourage nous le fait savoir. Les choses empirent, et soit nous explosons, soit nous entrons dans un combat de tranchées, soit nous fuyons, soit nous évitons les contacts.
Comment sortir du stress? 1, 2, 3…
Si vous souhaitez améliorer votre environnement de travail, la première étape est de prendre conscience de votre propre fonctionnement en état de stress. Déjà mentionné dans un article précédent la raison en est que “nul ne peut diriger des hommes sans se connaître soi-même“.
La deuxième étape est de comprendre le message de vos émotions et enfin la troisième étape est de voir les collaborateurs et collègues comme des êtres humains et non des bombes à retardement.
La première étape : prise de conscience
Pour en finir avec ce climat de conflit vous devez reconnaître ce qui fait que vous vous sentez menacé et qui vous conduit vers l’option champ de bataille. Cela semble facile cependant je sais que même les personnes les mieux intentionnées pensent qu’il n’y a pas assez d’heures dans une journée pour s’occuper de soi. Penser ne pas avoir le temps ou penser que vous n’avez pas envie de travailler sur vous va tout simplement vous confiner dans le bunker avec d’autres plans d’attaques. Si vous prenez le temps, si vous avez la curiosité, l’envie et le courage de comprendre quelles sont les circonstances ou les gens qui ont le chic pour vous envoyer dans la stratosphère vous aurez une meilleure compréhension de vos émotions et des situations.
La deuxième étape : l’écoute de vos émotions
Une fois que vous avez compris quelles sont les émotions qui génèrent vos comportements vous pouvez mettre à profit l’intelligence émotionnelle. Cela nous permet de repérer l’émotion et de la canaliser. Avoir une autre version de la réalité évite tout comportement d’attaques dans les situations vécues comme menaçantes. Le langage des chevaux ce sont les émotions, ils sont nos maîtres en intelligence émotionnelle. Ils représentent un accompagnement rapide et efficace pour déboulonner le stress.
La troisième étape : construire des relations bienveillantes
Apprendre à construire de nouvelles relations en remplaçant le terme de « je » par « nous », arrêter de voir les choses sous l’angle de ce que nous pouvons obtenir et le remplacer par l’angle de ce que nous pouvons donner. Cela diminue les tensions négatives et crée une dynamique de bienveillance. Je vous invite à voir la conférence TedEx de Uri Hasson, neuroscientifique qui étudie les bases de la communication humaine. On découvre ici à quel point nous avons besoin physiologiquement de connexion aux autres par l’imagerie de notre cerveau quand il écoute, quand il parle, quand il échange des informations dans un dialogue.
Prendre conscience de notre responsabilité, écouter nos émotions, et construire des relations bienveillantes demande de l’engagement. Si on ne se refait pas on peut néanmoins mettre des petites choses en place pour se rendre la vie plus facile.
Et d’une manière plus générale voici quelques pistes :
- La pratique de la pleine conscience, des séances d’équicoaching, de yoga, de cohérence cardiaque, de méditation sont autant de moyens qui vous aideront dans vos prises de conscience et la compréhension de vos émotions.
- Prenez des pauses d’introspection, par exemple réservez un créneau horaire et faites un point toutes les fins de semaine sur ce qui a fonctionné et ce qui est à améliorer (sans vous flageller !)
- Développez votre compassion peut-être en vous posant des questions sur le point de vue de l’autre. « Que pense-t-il/elle de la situation ? » « Qu’est-ce que nous avons en commun ? Qu’est-ce que nous avons de différent ? » « Qu’est-ce qui est en mon pouvoir pour améliorer la situation pour lui/elle et pour moi ? » « Qu’est-ce que je peux apprendre de cette situation ? »
Le deuxième effet kiss cool d’avoir déboulonner votre stress c’est que l’effet bénéfique ira bien au-delà de vos relations professionnelles …